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Préparer les leaders 2SLGBTQIA+ dans le secteur de la finance sociale : une conversation avec Tristan Smyth


 

L’équipe de Boann rassemble des leaders exceptionnels provenant de tout l’écosystème de la finance sociale au Canada. Leur expertise, leurs perspectives et leurs expériences vécues nous aident à découvrir la richesse et la diversité de cet écosystème et à en tirer parti.  

 

Alors que nous travaillons ensemble pour bâtir un secteur de la finance sociale dynamique, nous souhaitons vous donner un aperçu des points de vue des leaders et des expert·e·s qui façonnent les différents aspects du travail de Boann. Ce mois-ci, Tristan Smyth, qui siège au conseil consultatif de Boann, souligne l’importance de renforcer le leadership des membres de la communauté 2SLGBTQIA+ au sein du secteur de la finance sociale dans le cadre d’un entretien avec Sage Lacerte, directrice de l’inclusion chez Boann.  

 

Tristan Smyth est membre du conseil consultatif de Boann et le directeur général de BSR Impact, une firme de consultant·e·s qui aide les organisations à développer des produits de finance sociale de même qu’à évaluer et à accroître leur incidence.


Tante Sage : Parlez-moi de vous, et dites-moi comment vous avez fait votre entrée dans le monde de l’investissement à incidence sociale.


Bonjour, je suis Tristan Smyth (iel). Je vis sur un territoire algonquin non cédé avec mon amour et mon chien, à un endroit communément appelé Gatineau, au Québec. J’ai grandi dans les Prairies et à DC, mais j’ai graduellement migré vers l’est au cours de ma vie, et un jour, j’atteindrai la côte atlantique, puis verrai où j’irai par la suite.

 

Je suis impliqué dans le secteur de l’investissement à incidence sociale depuis quelques années. J’ai commencé par le secteur caritatif, pour ensuite réaliser que l’investissement à incidence sociale pouvait être à la fois un moyen de financer les organisations à vocation sociale, et un moyen pour ces dernières de diversifier leurs occasions d’investissements — de sorte que celles-ci soient plus conformes à leur mission, contrairement à ce que nous observons au sein des marchés traditionnels. C’est le parcours que j’ai suivi pour faire mon entrée dans ce monde. Je donne actuellement des cours sur l’investissement responsable à incidence sociale à l’Université Carleton, et je dirige ma propre entreprise de consultation, BSR Impact, pour aider les organisations à faire leur entrée dans le secteur de la finance sociale. C’est ce que je fais dans ce domaine.

 

Tante Sage : Comment votre expérience en tant que membre de la communauté 2SLGBTQIA+ a-t-elle influencé votre approche en matière d’investissement à incidence sociale?


Je considère que cette question comporte deux parties : comment je me vois dans cet écosystème, et ce que j’aimerais y voir. Il y a tellement d’entrepreneur·e·s queers qui ne peuvent pas accéder au secteur de la finance. C’est d’ailleurs aussi le cas pour les membres de toutes les communautés méritant l’équité — notamment lorsque leurs identités sont multiples et entrecroisées, et être non binaire est une composante de cette multiplicité identitaire. Nous savons que l’une des meilleures choses qui peut arriver aux bailleur·se·s de fonds et aux entrepreneur·e·s est de pouvoir rencontrer des investisseur·se·s qui leur ressemblent, car ils partagent le même langage, et il y a tant de choses qui doivent être dites dans ces conversations, tant de choses qui n’ont pas besoin d’être expliquées si, par exemple, vous êtes un·e bailleur·se de fonds noir·e et que vous parlez avec un·e financier·ère noir·e. Et pour moi, la raison pour laquelle je ressens de plus en plus fortement l’envie de créer mon propre fonds, c’est que si vous ne pouvez pas trouver de financier·ère qui vous ressemble, eh bien, pour moi, c’est le signal qu’il faut en créer un! C’est ce qui m’a motivé pour faire croître l’écosystème de l’investissement à incidence sociale : « Je ne vois personne qui me ressemble. Nous n’avons même pas de données fiables au Canada pour pouvoir cartographier les flux de capitaux. Et quand nous ne nous considérons pas en tant que personnes queers dans le secteur de l’investissement à incidence sociale, pour moi, c’est une invitation à devenir cette personne, cette personne qui se donne la responsabilité de prendre le flambeau si personne d’autre ne se manifeste pour le faire. »


Je pense qu’être queer et travailler dans le secteur de l’investissement à incidence sociale est une expérience qui est très différente du travail dans le secteur de l’investissement traditionnel parce que les relations sont très importantes, et qu’il s’agit d’injecter de l’argent là où la finance traditionnelle ne s’aventure habituellement pas. En tant que personnes queers, nous comprenons à divers degrés différentes formes d’iniquités sociales. Et je pense qu’il existe un dénominateur commun au fait de chercher à comprendre les défis qu’affrontent les entrepreneur·e·s et les bailleur·se·s de fonds de tout horizon lorsqu’ils accèdent ou tentent d’accéder à des capitaux.


Tante Sage : Que pouvez-vous nous dire quant aux défis que rencontrent les membres de la communauté queer dans le secteur de l’investissement à incidence sociale?


Je dirais que c’est comme le contraire [du jeu de société] Jenga. Plus vous ajoutez d’identités, et moins les gens vous prennent au sérieux. Ils se disent : « OK, une personne queer, on peut gérer ça, mais une personne queer en situation de handicap ou une jeune personne queer en situation de handicap, ça c’est trop. » Vous n’êtes pas crédible, même si aucune de ces identités ne permet aux gens d’apprécier vos connaissances. Vos expériences vécues, votre parcours éducatif, vos compétences. Ça devient tellement, mais tellement difficile quand vos identités sont perçues comme des composantes de votre savoir et de votre expertise. Ces identités peuvent façonner notre manière d’agir et de penser, mais elles n’ont absolument rien à voir avec les atouts que nous possédons.

 


Tante Sage : De quelle manière souhaiteriez-vous que Boann soutienne le leadership et la réussite des personnes queers?


Il est encore grandement nécessaire de répéter ce vieil adage : « Rien sur nous sans nous », et je constate encore souvent qu’aucune personne queer ne prend part aux discutions auxquelles les membres de cette communauté devraient participer. Si vous êtes invité·e à parler de quelque chose, quelle est la composition du reste du panel? L’une des choses qui me passionnent, c’est d’investir dans l’ensemble du spectre des genres. Et je constate très souvent que lorsque les conversations portent sur la diversité des genres, elles sont encore tenues par des personnes cis. Mon conseil est d’y admettre plus de personnes queers. Lorsque nous parlons d’une perspective de genre, des femmes cis y participent généralement. Je pense que c’est très bien, MAIS les personnes trans et non binaires doivent également être incluses.

 

Je n’ai rencontré personne d’autre s’identifiant par le pronom « iel » dans cet écosystème. Je n’ai rencontré personne s’identifiant comme trans, alors je pense qu’il est important de se demander comment renforcer le leadership chez les personnes trans et de diverses identités de genre et obtenir le soutien nécessaire.


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